La journée avait été longue pour Eden, elle avait passé le plus clair de son après-midi à patrouiller dans les rues de Seattle qui étaient incroyablement calme. Depuis l'annonce de la fin du monde dans plusieurs mois, la délinquance avait grandement augmentée dans la ville. Du moins, pendant les premiers jours mais les choses semblaient être revenues à la normale. Tant mieux, Eden n'aurait pas supporter de travailler dans un tel climat plus longtemps. Être sur ses gardes à longueur de journée, ne pas se sentir en sécurité, ce n'était pas pour ça qu'Eden était devenue flic. La voiture de police se gara sur le parking d'un café dans lequel Eden n'avait jamais eut l'occasion d'aller. Elle en avait entendu parler sans prendre le temps de s'y rendre mais, aujourd'hui, était le jour où elle décidait de prendre le temps de faire quelque chose comme boire un café. La fin du monde était proche alors autant s'accorder quelques petits plaisirs quand même, non ? Eden entra dans le café qui était encore vide à cette heure de la journée. Elle s'avança mais ne voyait personne derrière le comptoir alors elle parla à voix haute pour annoncer sa présence.
- Bonjour ?
La rouquine avança un peu plus dans le café en posant une main sur sa ceinture, au niveau de son arme, au cas où. Si la journée avait été incroyablement calme, mieux valait rester méfiante. Par les temps qui courait, il n'était pas impossible qu'elle se retrouve nez à nez avec des cambrioleurs un de ces quatre.
Pando
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Malgré l'agitation des derniers temps à cause de l'annonce de la fin du monde, le café n’attirait pas beaucoup de foule aujourd’hui. Je n’avais pas eu énormément de clientèle, seulement quelques courageux ce matin et je m’ennuyais sévèrement en ce début de journée. Alors j’avais d’abord fait le ménage dans la salle, puis j’avais décidé de faire un énorme tri dans la réserve. Après tout, j’avais l’après-midi devant moi. Un fond de musique résonnait dans le café, une musique du moment dont je ne me souvenais pas le nom mais qui avait le don de me faire remuer. Je n’avais pas entendu le carillon de la porte d’entrée, bien trop concentrée dans ma tâche ardue.
Alors que j’avais les bras chargés de vaisselle propre, j’entendis une voix féminine parler fortement depuis l’arrière du comptoir. N’ayant pas fait attention à la nouvelle venue, je lâchais de surprise ce que j’avais entre les bras, me coupant par la même occasion l’intérieur de la main. “Bon sang c’est pas vrai.” Grognais-je pour moi-même. Je me dirigeais alors vers la femme, souriant maladroitement. “Excusez-moi un instant, je ne vous avais pas entendue…” Je me saisis d’un torchon qui traînait sur le comptoir pour m’enrouler la main dedans. “Pardonnez-moi, bonjour. Je peux vous servir quelque chose ?”
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Quelques secondes passèrent, Eden s'avança un peu plus dans le café jusqu'à arriver au niveau du comptoir. Elle posa une main dessus au moment où un petit bout de femme débarqua, elle avait été précédé d'un bruit de vaisselle qui se brise. Elle s'excusa et s'avança derrière le comptoir en s'enroulant la main dans un torchon. Eden haussa les sourcils en l'observant, c'était sûrement une employée. Une employée mignonne mais là n'était pas la question. Elle esquissa un léger sourire et resta muette avant de se rendre compte que son interlocutrice lui avait posé une question.
- Oh euh.. Je vais prendre un café, merci.
Les prunelles chocolats d'Eden observèrent un peu plus en détails la main enroulé dans un torchon de son interlocutrice. On pouvait voir des petites tâches rouges perler à travers le tissus fin du torchon. Eden fronça les sourcils et elle lâcha sa ceinture pour poser ses deux mains sur le comptoir tout en observant son interlocutrice.
- Ca va ? Vous avez besoin d'aide ?
La rouquine désigna d'un geste la main de l'employée enroulée dans un torchon. Le café était désert, il n'y avait vraiment pas un chat mais ce n'était pas plus mal. Eden passait souvent ses journées au milieu des gens et, parfois, ça lui faisait du bien de se retrouver dans un endroit au calme. Il régnait ici une ambiance particulière, une ambiance qu'elle ne saurait décrire mais c'était apaisant. La musique en fond et une odeur de café chaud flottait dans l'air du restaurant.
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J’observais la femme en face de moi, qui portait un uniforme. Visiblement elle faisait partie des officiers de la ville a en juger l’écusson sur son bras. Elle mit quelques secondes avant de me répondre. “Tout de suite. Noir ? Avec ou sans sucre ?” Lui répondis-je un sourire vissé sur le visage, masquant au mieux la douleur lancinante de ma main. Tandis que je m'attelais à récupérer une tasse pour commencer à préparer sa commande, je l’entendis me demander si j’avais besoin d’aide. Ne comprenant pas vraiment de quoi elle parlait, je relevais les yeux dans sa direction et vit qu’elle désignait ma main. “Oh. Euh… Ne vous en faites pas, ça va aller.” Je souriais, essayant de la rassurer. “De toute manière ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, c’est le métier qui rentre comme on dit !”
Professionnellement, je préparais assidûment sa commande, faisant attention à ne pas refaire de bêtise avec ma main handicapée. Je déposais ensuite le breuvage devant elle, faisant par la même occasion remonter les manches de mon chemisier. Je ne fis pas toute de suite attention, mais je me rendis compte trop tard de mon erreur. Je tirais mes manches vers mes poignets afin de cacher mes bleus. Relevant rapidement le regard pour voir si ma cliente avait remarqué quoi que ce soit, je décidais d’engager la conversation pour faire diversion. “Alors comme ça vous êtes officier de police ?”
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La jeune femme s'affère déjà à préparer la commande d'Eden dès que la rouquine lui dit ce qu'elle voudrait boire. Les prunelles chocolats d'Eden observent avec attention les gestes de son interlocutrice. Visiblement, cette dernière ne semble pas vraiment inquiète de la coupure qu'elle s'est fait à la main. La brune tourne le dos à Eden tandis qu'elle fait couler le breuvage noir dans une tasse. Eden reprend tout de même la parole par-dessus le bruit de la machine à café qui s'active.
- Vous devriez quand même désinfecter votre main. On ne sait jamais.
Eden était ce genre de personne qui s'inquiète pour de parfaits inconnus. C'était peut-être pour ça qu'elle s'était lancé dans cette carrière dans la police. S'occuper des autres plutôt que d'elle, c'était un exercice dans lequel elle excellait. Une tasse fut déposé devant elle et si les prunelles chocolats d'Eden se posèrent d'abord sur le breuvage au fond de la tasse, les quelques bleus présents sur les bras de son interlocutrice ne lui échappèrent pas. Elle détourna cependant le regard sans faire de commentaire. Elles ne se connaissaient pas et poser une question sur l'origine de ces bleus aurait été déplacé. Eden se contenta donc de sourire légèrement à son interlocutrice qui lui demander si elle était bien de la Police. Elle déposa ses mains autour de sa tasse pour se réchauffer les mains avant d'hocher la tête.
- Oui, c'est bien ça. Pardonnez moi, je ne me suis même pas présenté ! Je suis l'officier Maslowski, Eden Maslowski. Enchanté. Et vous, je suppose que vous travaillez ici ? Vous travaillez seule ?
Juste après avoir posé sa question, Eden tourna la tête pour jeter un coup d'oeil à droite puis à gauche comme pour revérifier qu'elles étaient toujours seules dans le café.
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Pendant que le café coulait, elle me suggéra de désinfecter la plaie, je souriais alors avant de lui répondre. “Je le ferais, mais les clients passent avant tout.” Une fois le café servi, la rousse posa ses mains autour de la tasse. Les températures commençaient à baisser un peu avec la venue de l’automne, mais cela restait raisonnable. Elle répondit à ma question, m’informant qu’elle était officier et se présenta par la même occasion. Elle me retourna la question alors je lui répondis doucement, prenant appui à l’aide de mes avant-bras sur le comptoir. “Effectivement, je suis l’heureuse propriétaire depuis peu. J’ai été serveuse ici pendant longtemps et j’ai repris l’affaire. Cependant je n’ai pas encore eu l’occasion d’engager quelqu’un, mais comme vous pouvez le voir, je peux me débrouiller seule !” Je montrais la salle totalement vide pour appuyer mes dires. “Je m’appelle Juliet. Juliet Jenkins.”
Après m'être présentée, je décidais d'enlever le torchon que j'avais noué autour de ma main, grimaçant un peu et me saisissais de la trousse de secours qui se trouvait sous le comptoir pour désinfecter la plaie. Je prenais soin de le faire correctement, la blessure était mineure, j'avais l'habitude d'encaisser plus que ça. Une fois soignée, je me retournais vers la rousse, curieuse, j’engageais de nouveau la conversation. “Je ne vous ai jamais vue ici, ça fait longtemps que vous êtes dans le coin ?”
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Le travail avant tout, ça c'était quelque chose qu'Eden pouvait parfaitement comprendre alors elle se contenta de sourire avant d'attraper sa tasse pour la porter à ses lèvres. Elle laissa son regard posé sur son interlocutrice tandis que celle-ci lui expliquait son réel rôle ici. Une gorgée du breuvage chaud descendit dans la gorge d'Eden avant qu'elle ne repose doucement la tasse à café devant elle. Juliet. C'était un jolie prénom, le genre de prénom qu'on oublie pas comme ça. Juliet s'appuya sur le comptoir, se penchant légèrement vers Eden qui détourna le regard sentant ses joues s'empourprer légèrement. Elle n'était pas habitué à ce genre de proximité avec des inconnus ou pas d'ailleurs.
- Ca doit pas être facile d'assumer une telle responsabilité. Vous avez l'air jeune, enfin.. Au moins aussi jeune que moi.
Ah voilà, le côté maladroit d'Eden revenait au grand galop alors la jeune femme s'empressa de boire une nouvelle gorgée de café. Lorsqu'elle reposa sa tasse, Juliet venait de lui tourner le dos pour attraper une trousse de secours qui se trouvait sous le comptoir. Elle semblait d'accord pour écouter le conseil que lui avait donné Eden et ainsi soigner sa blessure. La rouquine la regarda faire, silencieuse et puis ce fut au tour de la brune de briser le silence qui venait de s'installer. Les prunelles chocolats d'Eden se posèrent sur la main à présent soignée de Juliet.
- Ca fait un moment que j'habite Seattle. Ca doit faire 7 ans maintenant mais je n'ai pas pour habitude de venir dans le coin. En fait, je suis officiellement encore en service. Disons que je m'accorde une petite pause. Vous dites travailler ici depuis longtemps mais vous avez toujours habité Seattle ?
On pouvait dire que le courant passait bien entre les deux jeunes femmes. La discussion se faisait facilement et voilà un petit bout de temps qu'Eden n'avait pas pris le temps de faire connaissance avec quelqu'un.
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“Disons que le rythme n’est pas facile à tenir certains jours, mais ça me plaît. Je n’aime pas rester à rien faire, même si il y a des jours où n’y peut rien.” Je souriais en entendant la fin de sa phrase. C’était maladroit, mais la manière dont elle avait de se rattraper était touchante. “Il est peut-être un peu tôt pour vous révéler une telle information.” Je lui lançais en lui faisant un clin d’oeil.
J’écoutais attentivement sa réponse, elle m'apprit qu’elle habitait depuis un moment à Seattle, ce qui signifiait qu’elle n’était pas originaire d’ici. Elle était encore en service et s'octroyait une pause, je ne pouvais qu’approuver cette décision, cela me permettait d’avoir un peu d’animation dans cet après-midi ennuyante. Elle me retourna évidemment la question à laquelle je répondis. “Je suis née ici et j’ai toujours vécu ici. À vrai dire je n’ai jamais eu l’occasion de visiter le pays, même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque.” J’eu une pensée pour Chuck, qui me retenait malgré lui prisonnière de cet endroit. Je ne pouvais pas l’abandonner, ni abandonner le café. Il n’aurait plus rien si je m’en allais, alors je restais. Je repris la conversation en lui demandant. “Vous n’êtes pas d’ici, alors d’où venez vous, si ce n’est pas indiscret ?” Juliet n’avait pas envie de se retrouver seule, elle avait de la compagnie, elle interagissait réellement avec quelqu’un autre que des clients passagers ou Chuck, la venue de cette rousse était bénéfique pour elle, alors elle voulait en profiter le plus possible, histoire de s’évader quelques instants.
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Le rythme ne devait effectivement pas être facile à tenir. Eden avait eut l'occasion de bosser quelques semaines en temps que serveuse et l'expérience ne lui avait pas particulièrement plus. C'était sûrement l'impulsivité de la jeunesse qui n'avait pas aidé à rendre l'expérience agréable. Un clin d'oeil lui fut adressé et Eden détourna immédiatement le regard en rougissant légèrement.
- Oh..
C'est vrai que demander son âge à une inconnue était peut-être un peu déplacée. Elle ne savait pas trop Eden, elle n'avait pas l'habitude d'aller si loin dans ses discussions avec des inconnus. Juliet expliqua ensuite qu'elle était originaire d'ici et, visiblement, elle n'avait jamais quitté Seattle. Eden prit sa tasse pour boire une nouvelle gorgée de café, elle garda d'ailleurs la tasse entre ses mains pour les réchauffer. Si elle avait chaud au visage à cause des clins d'oeil de Juliet ou de ses paroles parfois un peu maladroites, elle avait toujours les mains froides Eden.
- Vous n'avez pas besoin d'aller bien loin pour découvrir des choses, c'est ça qui est bien aux Etats-Unis. Mais je ne suis jamais vraiment allé loin non plus, je vous rassure.
Les prunelles chocolats d'Eden s'abaissèrent vers sa tasse. Elle n'aimait pas avoir un contact visuel direct avec les gens pendant trop longtemps. C'était plus fort qu'elle, elle se sentait toujours gênée de regarder quelqu'un droit dans les yeux. Regarder quelqu'un droit dans les yeux était quelque chose de profondément intime pour elle alors.. Ca la gênait toujours un peu de regarder les gens dans les yeux.
- Je suis de Fall City. C'est à seulement quelques kilomètres de Seattle. On peut dire que je suis quand même originaire du coin. Je suis un peu comme vous au final, j'ai toujours vécus ici. Vous vivez seule ?
Eden se rendit rapidement compte que sa question était étrange sortit de son contexte. Très étrange même. Elle s'empourpra et manqua de lâcher sa tasse sur le comptoir. Heureusement, elle la rattrapa in-extremis et la reposa le plus calmement possible. La rouquine secoua la tête.
- Enfin.. Je veux dire.. Désolée, ça paraît bizarre comme question dit comme ça. Je voulais dire, vous avez quelqu'un dans votre vie ?
La question sonnait toujours aussi bizarre mais bon.. Ce qui était fait était fait alors tant pis. Autant attendre une réponse maintenant.
Pando
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Je remarquais qu’Eden n’était pas très à l’aise suite à mon clin d’oeil, essayant de reprendre contenance en buvant une gorgée de son café. Je ne savais pas pourquoi j’avais fait ça, sachant que ce n’était pas vraiment mon style d’interagir ainsi avec des clients. Mais je ne sais pas, le courant passait bien entre elle et moi, j’étais à l’aise en sa compagnie, alors je me lâchais un peu.
Elle reprit la parole pour me dire qu’il n’y avait pas besoin d’aller bien loin pour découvrir des choses. Elle n’avait pas tort, mais je ne pouvais décemment pas lui donner la véritable raison qui m’empêchait de voyager. Alors je lui souris, essayant de lui signifier à travers ce rictus que j’étais d’accord avec elle. Eden continua en me disant qu’elle était de Fall City, un coin que je ne connaissais pas. Sa question suivante me laissa sans voix. Visiblement, elle aussi puisqu’elle faillit renverser sa tasse par mégarde. Si je vivais seule ? En quelque sorte. Chuck n’était plus le même. Je ne pouvais pas considérer que vivre avec une personne qui passait plus de temps avec ses bouteilles d’alcool qu’avec moi était vivre avec quelqu’un. Mais je ne pouvais pas lui répondre ça. Elle essaya de rattraper sa question, toujours aussi maladroitement, en me demandant si j’avais quelqu’un dans ma vie. Finalement, ça revenait au même, mais la manière dont elle avait d’être gênée était adorable. Je baissais la tête en souriant, la regardant timidement avant de lui répondre. “J’ai quelqu’un dans ma vie oui, si on peut dire ça comme ça. Disons que c’est relativement compliqué ces derniers temps. Et vous ? Quelqu’un partage votre vie ?” Je lui retournais la question plus parce qu’elle avait osé me le demander, mais je ne savais pas pourquoi, au fond de moi, la réponse m’intéressais réellement.
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Quelques regards sont échangés mais Eden a le regard fuyant. Pourquoi est-ce qu'elle pose des questions comme ça à une parfaite inconnue ? Elle n'était pas comme ça habituellement et puis elle n'avait pas tendance à être si timide aussi. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Juliet avait vraiment le don de lui faire perdre ses moyens. Heureusement, elle ne sembla pas vraiment surprise par la question de la rouquine, ou du moins elle ne le montra pas. Eden regarda une nouvelle fois le fond de sa tasse, elle haussa les sourcils face à la question de la brune. Visiblement, elle semblait aussi intéressée par sa vie. Ou du moins, c'était ce qu'elle montrait.
- Oh non, ça fait longtemps que personne n'a partagé ma vie. Et puis avec ce qui nous attend.. Vous savez, je ne sais pas si c'est vraiment utile.
Après tout, il ne leur restait que 365 jours à vivre, environ. A quoi bon se lancer dans de nouvelles choses si c'est pour qu'elles s'arrêtent dans si peu de temps ? Eden était assez septique et encore réservée sur cette fin du monde. Elle ne se voyait pas tenter de nouvelles choses et, au final, elle ne voulait pas non plus. Ses prunelles chocolats se détachèrent de sa tasse pour remonter vers le visage de son interlocutrice. Sa vie était compliqué ? Est-ce que les bleus sur ses bras en étaient la preuve ? Encore une question à laquelle elle n'aurait pas de réponse et, cette fois-ci, elle ne posa pas la question. C'était beaucoup trop déplacé.
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Elle me répondit qu'elle n'avait personne dans sa vie, et sa justification m'interpella. Dans l'incompréhension de sa réflexion je me permis de lui répondre “Et pourquoi ça ne le serait pas ? Je veux dire, il nous reste peu de temps à vivre, alors autant vivre à fond, vous ne croyez pas ?” Je n’étais pas d’accord avec cette vision des choses. Il était certes difficile de vouloir s’engager dans quelque chose de sérieux alors qu’on sait pertinemment comment ça va se terminer mais je trouvais ça dommage de ne pas laisser sa chance à une personne sous prétexte que la fin est proche.
Je continuais alors “Je peux comprendre que vous engager alors qu’il nous reste peu de temps peut vous faire peur mais, si on ne profite pas maintenant, quand est-ce que nous le ferons ?” Je ne voulais pas la faire changer d’avis, mais je voulais qu’elle connaisse mon point de vue. Et puis qui étais-je pour lui dire quoi que ce soit là-dessus ? J’étais moi-même incapable de tout abandonner pour faire ce que je voulais et pourtant, ce n’était pas comme si je n’en avais pas envie. Je finissais alors en ajoutant “Mais après tout je ne suis personne pour juger votre manière de penser.” En terminant ma phrase, je la fixais dans les yeux, pour tenter de la sonder, essayant de comprendre ce qui lui passait par la tête.
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La réponse de Juliet ne surprit pas vraiment Eden. Depuis la terrible annonce, beaucoup de personne avaient décidé de vivre la vie à fond. De croquer la vie à pleine dents pour le peu de temps qu'ils leur restait mais la rouquine n'était pas de cet avis là. Elle secoua alors négativement la tête tout en regardant le fond de sa tasse. Eden n'eut pas le temps de répondre que Juliet enchaîna en se posant une question en soit totalement légitime. Visiblement, elles n'avaient pas vécut les même choses dans la vie et le passé d'Eden était la principale raison qui la poussait à ne pas vivre le reste de sa vie n'importe comment.
- Disons que j'ai largement assez profité dans ma vie passé. Autant continuer à faire les choses normalement et faire mon travail pour assurer la sécurité de ceux qui veulent en profiter.
A la fin de sa phrase, Eden engloutit le reste de son café et ses prunelles chocolats continue de fixer le fond de la tasse à présent vide. Juliet reprend une nouvelle fois la parole puis un silence s'installe. La rousse sent le regard de son interlocutrice sur elle et elle se décide à quitter le fond de sa tasse pour relever ses prunelles chocolats en direction de Juliet. Leurs regards se croisent, Eden reste toujours silencieuse et elles se regardent de longues secondes. Eden n'a pas pour habitude de regarder les gens directement dans les yeux comme ça. Mais c'est étrange, elle se sent comme apaisée au final et pas du tout gênée de la situation. Soudain, une sonnerie retentit dans le café. Eden met quelques temps à réaliser que cette sonnerie est celle de son portable, son portable du boulot. Elle détourne alors vivement le regard et s'empresse de chercher, maladroitement, son téléphone dans la poche de son treillis.
- Excusez-moi ! Le boulot..
Elle s'éloigne alors de quelques mètres pour décrocher le téléphone.
- Officier Maslowski à l'appareil.
Pando
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Eden me répondit qu’elle avait suffisamment profité de sa vie pour ne pas avoir envie de le faire, même avec l’annonce de cette fin du monde. Oui mais avons-nous assez profité de l’amour ? Même si je supposais qu’elle était entourée de sa famille, aimer quelqu’un ne devrait jamais avoir de limites. J’étais une éternelle optimiste, sauf lorsqu’il s’agissait de moi, alors j’avais espoir qu’elle puisse changer d’avis là-dessus. Elle faisait visiblement partie des personnes qui malgré la nouvelle fracassante préféraient vivre leur vie comme si de rien n’était. Seulement, je me doutais qu’en tant qu’officier de police elle avait aussi une image à garder. Je le concevais totalement, et je ne rebondis donc pas sur sa réponse, acquiesçant simplement d’un signe de tête.
Alors que le silence régnait depuis quelques instants, visiblement chacune ayant fini de dire ce qu’elle pensait, une sonnerie de téléphone brisa le calme. Elle s’excusa, m’informant que c’était le boulot. “Je vous en prie.” Elle s’éloigna pour prendre l’appel et j’en profitais pour ramasser sa tasse et la nettoyer soigneusement. Une myriade de pensées me traversaient l’esprit, mais je ne pouvais rien dire. Je ne la connaissais pas, alors je devais garder ma curiosité pour moi. Peut-être qu’on aurait l’occasion de se revoir, si elle repassait dans le coin, mais j’étais contente d’avoir fait sa connaissance. Tandis qu’elle parlait avec son interlocuteur, je l’observais du coin de l’oeil. Je ne pouvais nier sa beauté, ses cheveux roux flamboyants éclaircissaient la pièce autant que sa personne. Elle avait été un rayon de soleil dans ma journée et je ne pourrais jamais assez l’en remercier.
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Eden raccrocha son téléphone au bout de quelques minutes. Elle fixa le vide durant quelques secondes, sourcils froncés avant de se décider à ranger le téléphone dans sa poche. Elle revint ensuite vers Juliet. La rousse posa ses mains sur le comptoir et elle esquissa un léger sourire à son interlocutrice.
- Toutes les bonnes choses ont une fin.. Je vais devoir vous laisser.
Elle déposa un billet sur le comptoir qu'elle fit glisser dans la direction de Juliet. La rousse commença à tourner les talons, elle fit environ 2 pas avant de s'arrêter pour faire demi-tour et reposer ses mains, un peu brusquement, sur le comptoir. Elle avait un léger sourire en coin et releva ses prunelles chocolats en direction de la brune.
- Je.. Tenez ! Ma carte. Si jamais vous avez besoin de quelque chose ou.. Ou que vous voulez boire un café, hésitez pas. Vraiment.
Eden sortit, tout en s'expliquant, une carte professionnelle sur laquelle figurait son nom, prénom et son numéro de téléphone. La rouquine resta planté encore quelques secondes au niveau du comptoir. Elle tapota sur le comptoir avec ses mains avant de prendre une grande inspiration.
- Bien ! J'y vais cette fois-ci. Au revoir et bonne fin de journée !
Cette fois-ci, et pour de bon, Eden quitta le café sans se retourner. Elle espérait vraiment que Juliet allait la rappeler, elle avait apprécié ce moment passé avec la jeune femme. Et puis.. Si elle ne la rappelait pas, peut-être qu'elle pourrait repasser par là.
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